Grand-père ? Ce sont tes petits enfants.
Aujourd’hui, c’est à toi que nous parlons, même si tu n’es plus là. Pas sûrs que nous arrivions à trouver les mots justes, mais nous allons essayer de te dire ce que nous avons sur le cœur. La nouvelle de ta disparition brutale nous a tous profondément choqués et bouleversés. Difficile d’imaginer la vie sans toi, sans ta voix et sans ta présence. Aujourd’hui nous voudrions te remercier pour tout, pour le grand-père si généreux que tu étais et évoquer les souvenirs précieux que nous avons partagés avec toi. Nous ne t’avons peut-être pas connu aussi longtemps que certaines personnes ici mais nous sommes privilégiés d’avoir eu la chance de vivre de nombreux moments à tes côtés.
Grand-père, tu as toujours été notre pilier, cette présence solide et rassurante sur laquelle nous pouvions compter. Même si aujourd’hui tu n’es plus là, ton image d’homme droit, fidèle à ses paroles, reste gravée en nous. Toujours souriant, de bonne humeur, porté par tes projets, et jamais à court d’une blague pour nous faire rire. Un homme simple, qui se contentait de choses simples comme partager du temps en famille ou entouré d’amis.
Tu avais ce don rare : celui de toujours vouloir nous faire plaisir, d’anticiper nos envies ou nos besoins sans même que nous ayons à les dire. Toujours prêt à aider, à réparer, à conseiller, à soutenir — sans jamais rien attendre en retour. Tu étais là pour nos déménagements, encore récemment, à monter nos meubles avec énergie. Tu rapportais ou gardais parfois des objets en pensant à nous, même si, il faut l’avouer, on n’en avait pas toujours l’utilité. Tu venais nous chercher à l’école, nous attendant toujours devant le portail. Et puis, il y avait tes tableaux, que tu peignais pour nous avec soin. Jusqu’au dernier instant, tu as terminé celui destiné à Amélie et Stéphane, un paysage du Portugal — une nouvelle preuve de ton amour, simple et entier. Tout ce que tu faisais, c’était pour nous rendre heureux.
À chaque rencontre, tu prenais toujours le temps de nous demander comment nous allions. Tes questions favorites restaient : « En définitive, tu vas faire quoi l’année prochaine ? » ou encore « Le boulot, ça va ? ». Tu t’intéressais sincèrement à nos vies, et tu étais fier de parler de nous à tes amis, à tes frères et ta sœur. Parfois, des personnes de ton entourage connaissaient étonnamment bien les détails de nos parcours, ce qui pouvait nous surprendre. Cette curiosité, ce véritable intérêt que tu portais à chacun d’entre nous, nous faisait toujours sentir importants et profondément aimés.
Grand-père, tu étais un vrai bon vivant, un gourmet dans l’âme, même si tu n’arrêtais pas de répéter que tu faisais « le régime ». On adorait tes petits plaisirs : le saucisson que tu avais toujours à portée de main ou tes rillettes de canard au foie gras. Tu mangeais tes fraises en les noyant sous une avalanche de sucre. Et puis, tu ne ratais jamais une occasion de te verser un grand verre de sirop de grenadine, ton péché mignon — d’ailleurs, on avait tous un stock de grenadine dans nos placards, rien que pour toi ! Et puis il y avait les parties de Rummikub en fin de repas. Tu jouais avec sérieux, concentré, toujours déterminé à gagner, en vérifiant bien qu’Anaïs ne triche pas ou en lui demandant d’aller plus vite. Des instants simples, qu’on aimait partager avec toi.
Ce que tu voulais par-dessus tout, c’était qu’on passe du temps ensemble. Tu trouvais toujours une idée, une occasion, une destination pour nous rassembler. Il y avait les après-midis à la pêche, où, soyons honnêtes, on ne ramenait pas beaucoup de poissons... On préférait manger du saucisson ou faire des photos. Il y avait les restaurants et ces vacances tous ensemble, que tu prenais plaisir à organiser. Comme au Lac des Sapins, quand nous étions petits, un midi tu avais invité tes copains du vélo à déjeuner. Laurie, à tout juste 10 ans, avait préparé des pâtes carbonara qui ont fini par terre. Et toi, tu en riais encore des années après.
Il y a eu Center Parcs – et cette sacrée frayeur quand tu as failli te noyer dans la piscine, parce que, fidèle à toi-même, tu voulais « essayer quand même » le toboggan. Et puis le Lavandou… Une des plus belles photos de famille vient de là : on y voit nos sourires, notre bonheur d’être ensemble. Et déjà, tu pensais à la suite. Tu parlais du Maroc pour l’an prochain. Un voyage de plus dans ta tête, un souvenir de plus à créer, parce que tu avais ce désir profond que notre lien continue de grandir, encore et toujours.
Tu avais tes convictions, bien ancrées, et tu aimais les défendre. Et nous, on adorait te contredire, te provoquer un peu, juste pour lancer un débat, pour te faire réagir, ou simplement pour t’entendre défendre ton point de vue avec passion. Grand-mère, elle, essayait souvent de calmer le jeu en te briefant avant les repas sur les sujets à ne pas aborder. Mais ça ne ratait jamais… Tu trouvais toujours un moyen d’aborder le sujet quand même, ou alors c’était nous qui le faisions exprès, juste pour te voir t’enflammer. Et au fond, on savait tous que ça faisait partie du jeu. C’était notre manière de partager avec toi, de discuter, de rire, parfois de hausser un peu le ton… mais toujours avec affection.
Toi, notre grand-père, tu étais une force de la nature. On aimait dire à nos amis, avec un mélange de fierté et d’étonnement, que notre grand-père de 88 ans faisait encore des centaines de kilomètres à vélo. Toujours en pleine forme, toujours partant. Tu disais souvent que tu avais les plus belles guibolles de la Calade ! – et on n’a jamais osé te contredire. Et on sait qu’au fond, tu aurais presque été fier – à ta manière bien à toi – de dire que tu n’étais pas « parti de vieillesse », mais bien « sur ton vélo ». Jusqu’au bout, tu es resté fidèle à ta passion.
Tu nous as poussés, nous aussi, dans toutes sortes d’aventures sportives. Même si, soyons honnêtes, la fibre sportive semble avoir sauté une génération – toi et tes enfants êtes de vrais athlètes, mais nous, tes petits-enfants, nous avons surtout grandi en admirant ton énergie et ta passion. Tu parlais de nos « petits exploits » avec un enthousiasme débordant : Amandin, ta mobylette, qui courait vite ; Amélie, et ses plaquages au rugby, Evan la relève de son père en natation. Tu ne manquais jamais un match des garçons. Même sous la pluie, on te voyait sur le bord du terrain, fidèle, avec ton K-Way violet et ce regard fier. Et comment oublier les marathons du Beaujolais ? Tu suivais de près tes enfants et petits-enfants, les encourageant à chaque étape, tout en profitant, à ta manière, des stands de vin sur le parcours. Pour toi, c’était autant une course qu’un moment de partage, mêlant effort et convivialité, à ton image.
Et puis il y avait la musique. Le jazz, surtout, que tu adorais. Commencer le saxophone à 80 ans, il fallait le faire… et évidemment, tu l’as fait. Tu t’es lancé sans hésiter, avec ton enthousiasme habituel, et tu nous jouais des morceaux à Noël. On rigolait un peu, on te taquinait, mais au fond, on était impressionnés. Tu nous demandais de mettre de la musique sur ton MP3, pour pouvoir écouter tes chansons préférées. Tu avais toujours le rythme dans la peau, et tu l’as prouvé encore en décembre dernier, en dansant le rock avec Apolline puis en invitant grand-mère — ce jour-là, vous nous avez tous émerveillés, vous étiez tellement beaux. La musique te faisait vibrer, et avec toi, elle nous rassemblait aussi.
Grand-père, tu nous as dit un jour : « Oublions les moments difficiles et ne gardons en mémoire que les jours heureux et le bonheur d’avoir une famille. » Alors aujourd’hui, même si la peine est immense, on va essayer de suivre ton exemple. On va garder en nous ta joie de vivre et ton optimisme. On va se souvenir de toi en train de rire, de pédaler, de bricoler, de jouer, de nous parler, de danser. On va chérir ces instants, et continuer à les faire vivre en nous.
On espère continuer à te rendre fier, dans ce qu’on fait, dans ce qu’on devient. Tu nous laisses une lumière, une chaleur, une trace indélébile. Et même si ton absence creuse un vide immense, ta présence, elle, reste partout : dans nos souvenirs, dans nos gestes, dans notre façon de nous aimer. Merci d’avoir été ce grand-père unique, précieux, profondément aimant. Merci pour tout ce que tu as semé.
On te souhaite un beau voyage, là où la route continue, là où la musique ne s’arrête jamais. Et maintenant, place au rythme… Parce qu’on sait que tu aurais aimé qu’on finisse sur une note joyeuse, pleine d’entrain.
Grand-père, accorde-nous encore une danse.